Protégez l'avenir de vos enfants : partagez prudemment en ligne

Naviguer avec prudence dans le partage d'images d'enfants en ligne est fondamental pour protéger leur vie privée et leur avenir. Voici un guide exhaustif proposé à l’origine par la CNIL, pour vous aider à partager les photos et vidéos de votre enfant de manière responsable.

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Oui c’est parfois hyper tentant de partager la photo de ses petits chérubins sur Instagram, Facebook ou Tik-Tok. On ne vous en voudra jamais d’exhiber avec fierté votre progéniture à vos amis et vos connaissances de longue date. Pourtant, les réseaux sociaux, c’est internet, et internet, c’est une toile qui connecte le monde entier.

Introduction au sharenting

  • Définition : le sharenting, contraction de share (partager) et parenting (parentalité), se réfère à la publication de photos et de vidéos des enfants sur les plateformes sociales.
  • préoccupations : ces partages touchent directement à la vie privée des enfants, soulevant des enjeux significatifs et des risques potentiels.

Qu'est-ce que la CNIL?
La CNIL est une autorité administrative indépendante qui protège les libertés individuelles et supervise l'utilisation des données personnelles dans l'univers numérique. Elle joue un rôle important dans la préservation des droits individuels et la sensibilisation à l'usage éthique des données.

Comprendre les enjeux

  • Identité Numérique : chaque photo partagée, chaque mot utilisé, chaque commentaire et tag contribue à l'identité numérique de votre enfant, et donc de sa réputation en ligne, qui commence à se former dès les premiers partages. Comme une empreinte digitale, elle est unique et peut être difficile à changer une fois établie.
  • Conséquences à long terme : les informations partagées peuvent affecter la réputation future de votre enfant, ses opportunités d'emploi, et sa perception de soi. Rappelez vous de la pochette du bébé nu du célèbre groupe de musique Nirvana. Eh bien, à ce jour, Spencer Elden, l'individu qui est apparu bébé sur la pochette de l'album "Nevermind" de Nirvana, n'a reçu aucune compensation pour l'utilisation de son image. Oui vous lisez bien, il n’a jamais reçu un seul centime pour cette photo. Donc si quelqu'un utilise la photo de votre enfant à l’autre bout du monde, car vous l’avez délibérément posté sur Instagram, vous ne pourrez pas faire grand chose.

Pochette de l'album "Nevermind" de Nirvana, 1991 (légèrement modifiée pour les besoins de l'article)

Les risques du sharenting

  • Détournement d'images : les photos peuvent être reprises et utilisées à mauvais escient par des personnes, que vous connaissez ou non, incluant la création de faux profils, le harcèlement ou la diffusion dans des réseaux illicites. Internet n’a pas de frontières et la cyberintimidation est de plus en plus fréquente.
  • Violation de la vie privée : les photos détaillent souvent des aspects intimes de la vie de votre enfant. Evitez de partager une photo de votre enfant en couche culotte, dans une position drôle ou indélicate, vous n’aimeriez pas qu’on vous “affiche” de la sorte.
  • Création d'une identité numérique précoce : cela peut empiéter sur le droit de l'enfant à créer sa propre image digitale. Attendez au moins qu’il se crée un compte TikTok (c’est à partir de 13 ans). Plus sérieusement, les photos et les récits partagés par les parents établissent une certaine image d’un enfant qui peut ne pas correspondre à son identité réelle ou future.

Stratégies de partage responsable

  • Consentement : demandez l'avis de votre enfant s'il est en âge de comprendre. Respectez son choix de ne pas être en ligne : lui donner un droit de regard sur ce qui est partagé le responsabilise et l’éduque sur la confidentialité et le consentement numérique.
  • Audience restreinte : choisissez des moyens de partage privés (Telegram, FamilyAlbum) ou restreignez votre audience sur les réseaux sociaux.
  • Flouter ou anonymiser : envisagez de flouter les visages ou de ne pas montrer les visages directement. Des applications comme Blur Face ou le bon vieux Paint font très bien le travail.
  • Attention aux détails : évitez de publier des photos qui révèlent les lieux fréquentés, les activités, l'école de votre enfant, ou d'autres détails sensibles.
  • Sécurité des comptes : utilisez des mots de passe forts, activez l'authentification à deux facteurs, et comprenez les paramètres de confidentialité disponibles sur les plateformes.

Source : Internet Sans Crainte

Adopter de bonnes pratiques

  • Règle de l'album de famille : ne partagez que ce que vous mettriez dans un album de famille traditionnel, des photos bienveillantes et positives. Pas de photos embarrassantes et non respectueuses, il n’a qu’a chercher sur Google pour être témoin du nombre de dérapages de parents et de personnalités.
  • Vérification régulière : revisitez et nettoyez votre historique de partage. Supprimez les images qui ne sont plus appropriées.
  • Éducation digitale : éduquez votre enfant sur les implications du partage en ligne et sur la sécurité numérique. Les plateformes internetsanscrainte.fr et internetmatters sont des mines d’informations et d’outils pour la sécurité en ligne. Ils méritent d’être lus et partagés.

Quand Partager ?

  • Moments importants : partagez des moments significatifs plutôt que la routine quotidienne. Parce que soyons honnêtes, tout le monde s’en ….
  • Contexte positif : on se répète mais assurez-vous que le contexte de la photo est approprié, digne et positif.
  • Contrôle de l'image : préférez des photos qui ne compromettront pas votre enfant à l'avenir, même si c’est drôle/mignon.

Contrôles techniques

  • Outils de confidentialité : apprenez à utiliser les outils de confidentialité et de sécurité proposés par les plateformes. Généralement, vous les trouverez sous “Paramètres > Confidentialité”. Cela comprend la personnalisation des paramètres pour contrôler qui peut voir vos publications, commenter, ou partager vos photos.
  • Backup sécurisé : gardez des copies sécurisées des photos dans des espaces privés et sécurisés hors ligne ou en ligne. Il existe des services de stockage en ligne réputés avec de solides politiques de confidentialité (pCloud, OneDrive, NordLocker) ou des dispositifs de stockage physique tels que des disques durs externes.
  • Alertes Google : configurez des alertes Google ou d'autres services de surveillance en ligne pour le nom de votre enfant afin de suivre sa présence en ligne.

Engager la famille et les amis

  • Règles claires : communiquez vos préférences de partage avec la famille et les amis pour éviter le partage non autorisé. Fournissez-leur des outils de partage sécurisés.
  • Consentement partagé : assurez-vous que tous les tuteurs légaux sont d'accord avec les décisions de partage. En cas de désaccord, privilégiez une médiation externe.

Source : Internet sans crainte

 

Droits et recours

  • Droit à l'oubli : familiarisez-vous avec le "droit à l'oubli", une réglementation qui permet aux individus de demander la suppression de leurs données personnelles des résultats de recherche ou des plateformes en ligne. C’est un outil puissant pour protéger votre enfant.
  • Signaler les abus : soyez prêt à signaler tout usage inapproprié des images de vos enfants aux plateformes et aux autorités.

Dans le cas où les photos et vidéos de vos enfants postées sur les réseaux sociaux seraient réutilisées sans votre accord, vous avez plusieurs recours :

  • Faire appel aux forces de l'ordre, comme la police ou la gendarmerie, en cas de menace immédiate posée par une image ou une vidéo de l'enfant.
  • Contacter le service 3018 pour les incidents de cyberharcèlement impliquant des photos ou vidéos de l'enfant.
  • Soumettre une plainte à la CNIL si le réseau social ne répond pas ou refuse d'agir, en faisant cela dans un mois suivant la demande initiale et en incluant une preuve des tentatives de résolution avec la plateforme concernée. 

Source : https://www.cnil.fr/fr/partage-de-photos-et-videos-de-votre-enfant-sur-les-reseaux-sociaux-quels-sont-les-risques